Après tant
d’annonces et messages vus concernant l’apparition du roman, qui parle d’une
jeune interprète et en plus, a été écrit par une interprète, j’étais impatiente
de plonger dans la lecture. Et comme j’ai de la chance d’avoir de bonnes amies je n’ai même pas eu des
efforts à faire pour me procurer ce livre parce qu’il est venu à moi comme un beau cadeau inattendu de Noël.
Pas comme Tiina, qui a déjà examiné beaucoup de livres qui touchent d’une manière ou autre à notre
profession, pour moi c’était plutôt la curiosité qui m’a attiré vers ce roman et je m’attendais à une bonne lecture, à une histoire intéressante et réaliste parce que l’auteur est interprète elle-même.
Ce fait même
était aussi une des raisons pour lesquelles je voulais lire ce
livre et de cette manière donner mon soutien, si bien que plus symbolique
qu’autre, à un(e) professionnel(le) qui garde aussi l’esprit et l’énergie pour cultiver
une activité créative hors des son travail pur et dur. Comme le magnifique
Alejandro Moreno Ramos qui ne cesse pas de nous faire rire avec sa bandedessinée sur Mox ; ou une collègue slovène qui est la force motrice d’un
des plus grands forums sur les questions de traduction et joue dans un
orchestre local et en plus fait ressortir sa créativité dans la production des bijoux
et autres petits objets. (Quand je serai grande – et que mes petites le seront
aussi – je vais me lancer dans une chose créative moi-aussi !)
Pour retourner au
premier œuvre de Jenny Sigot Miller, Entre deux voix, je dois d’abord dire
qu’il s’agit d’une histoire intéressante avec de beaux passages qui rendent
hommage à notre profession (des clichés, mais ça passe). Mais de l’autre côté, je tiens vous tenir en garde
de ne pas vous attendre à un roman accompli, qui en plus raconte le travail et la vie des
interprètes d’une manière fidèle et proche à la réalité. Il y a quelque chose qui me manque ou qui n’est pas trop claire. Est-ce qu’il s’agit d’un roman policier ? Un roman d’amour ? Une éloge (ou pas vraiment) à notre profession ?
En plus, le personnage principal, la jeune interprète ne me
semble pas bien développé comme héroïne. Bien sûr, elle est jeune et un peu naïve, elle ne sait pas vraiment que faire avec cette collègue qui
lui fait pas mal de problèmes. Mais naïve est une chose, stupidité par contre,
ça ne passe pas, même dans la fiction il y a les limites ! Je doute fort bien qu’une personne adulte qui se sent menacée à un tel point qu’elle a
peur pour sa vie, ne aille pas le dénoncer à la Police et cherche à trouver des solutions
d’hébergement alternatives (et la famille ou les amies, les interprètes ne les
ont pas ?).
C’est pourtant
vrai que la compétition ou la rivalité, si vous voulez, entre les interprètes
existent bel et bien, je suis persuadée que ça vaut pour toutes les
professions et c’est une des premières leçons qu’un jeune professionnel dans
n’importe quel métier doit apprendre à gérer (=accepter).
Or, je trouve assez invraisemblable qu’une jeune interprète sans expérience enchaine les contrats pratiquement l’un après l’autre, même d’interpréter pour un chef d’état le plus important (ou presque) sur la planète et en plus faire une photo avec lui qui fera la une de la presse ...
Un aspect
important de la profession qui a été soulevé dans le roman est l’adhésion à
une association professionnelle (locale/nationale/internationale). Je crois que
c’est aussi un des premiers pas à faire lorsque on commence notre carrière.
Mais de nouveau, je songe déménager en Suisse si les choses sont si simples
pour les jeunes interprètes comme le décrit le roman. Chez nous, en plus du nombre des jours d’interprétation très limité, une jeune interprète qui
commence sa carrière dans le marché privé, et surtout travaillant pour des
agences de traduction et interprétation, a peu de chances à croiser dans la
cabine un interprète chevronné membre de l’association nationale (et encore
moins internationale) des interprètes de conférences qui pourrait lui procurer
le sponsorat nécessaire (en effet 3 sponsorats) pour se joindre à une telle
association. Ce qui est dommage, mais on ne peut rien y faire (sauf déménager
en Suisse) – au moins d’après mon expérience en trois ans après les études.
Mais peut-être je ne suis pas née sous un bon signe ou je n’ai pas opté pour la
meilleure stratégie dans mes démarches professionnelles.
Bref, je pense
que le roman Entre deux voix pourrait
bien vous intéresser si vous êtes interprètes ou pas, au moins pour vous amuser
et vous détacher un peu de votre vie très stressée. Si vous êtes en train de
vous décider pour ce métier, ne croyez pas à toutes ces histoires de menaces,
les interprètes chevronnés sont (normalement) assez accueillants envers les
jeunes collègues. En revanche, comme
c’est aussi bien décrit dans le livre plusieurs fois, préparez-vous à un
travail dur avant les conférences, à beaucoup de lecture et recherches concernant
des sujets très spécialisés comme l’astrophysique ou la pharmacie ou les bilans
annuels des entreprises.
Et n’oubliez pas
qu’être interprète est un très beau métier et nous devons tous nous efforcer à
le (re)présenter d’une manière correcte et professionnelle avec chaque notre
contrat, mais aussi au-delà de ça en public en général. Même dans la
littérature avec des romans policiers ou romans d’amour …
Les réalités professionnelles sont en effet très différentes d'un pays, d'une région à l'autre. Entre Deux Voix est bien sûr un roman, mais comme il a été écrit par une interprète, les lecteurs vont croire que ce que raconte l'auteur reflète la vérité. Les vrais interprètes ne préparent pas leurs conférences médicales en regardant des séries télé américaines, qu'on se le dise!
OdgovoriIzbrišiMerci Tiina, je suis tout à fait d'accord avec ton commentaire concernant le "danger" de ce livre et c'est un peu dommage, non? Notre métier en en réalité très excitant mais pas parce qu'on aurait droit de passer le temps devant les télé séries (en guise de préparation) ou parce qu'on serait tout le temps en train de découvrir des pays nouveau et ne se séparerait de notre valise ou parce qu'on ferait connaissance (traînerait) avec les délégués et encore moins les chefs d'état ... Les lecteurs pourraient vraiment se faire des idées illusoires de tout cet idéalisme.
OdgovoriIzbriši